CHRONIQUE | Un spectacle de Drags à l’église, choquant ou pas!

Par Raphaël Hovington 6:00 AM - 28 juillet 2023 Chroniqueur
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Photo Facebook Manu Lemieux/Blueberry Moore

Les Drags du Nord et la chanteuse Laurence St-Martin ne se produiront pas à l’église de Sacré-Cœur comme le prévoyait le Festival du Fjord, mais plutôt à l’aréna de Sacré-Cœur. La Fabrique Sacré-Cœur en a fait l’annonce vendredi (21 juillet) sur sa page Facebook, en constatant que l’événement semblait déplaire à plus d’un citoyen.

Moi, le premier, même si je ne suis pas de Sacré-Cœur! J’ai pris connaissance de cette nouvelle sur le réseau TVA le 14 juillet dernier. Je n’ai pu m’empêcher de partager la nouvelle sur ma page Facebook en l’introduisant par ce simple commentaire : « Vraiment spécial, un peu choquant! Mais laissons les gens se faire un jugement! »

Les réactions n’ont pas tardé, passant du « vivre et laisser vivre » à une certaine forme d’indignation. Quelqu’un l’a même mis sur le compte de notre « fond religieux » puisque nous avons été plongés dès le plus jeune âge dans la « marmite d’eau bénite ». Pour les uns, c’est une forme d’art; pour d’autres, un moyen de financer la fabrique.

On sait qu’il était question de remettre 25 % de la vente des billets à la fabrique. Une citoyenne de Sacré-Cœur a même estimé que cela pouvait représenter la jolie somme de 2 500 $, certainement la bienvenue en cette époque où tout coûte les yeux de la tête.  J’ai immédiatement pensé à la réaction de Jésus Christ chassant les vendeurs du temple!

Mais bon, cela ne ferait pas avancer le propos. Tout d’abord, on se doit de reconnaître qu’il y a un sérieux problème de financement des lieux de culte au Québec en raison de la chute vertigineuse de la pratique religieuse et du déclin de la dîme. Celle-ci est-elle obligatoire? Selon la Bible, oui, soit l’équivalent de 10 % du salaire. Au sens de la loi, non!

La Fabrique n’a pas condamné le spectacle, mais l’a simplement déplacé en un lieu plus approprié. Elle va peut-être se priver de que demeure sincère avec ses convictions.

Quand j’étais jeune, ma mère s’arrachait les cheveux pour acquitter la dîme. Nous étions pauvres comme Job. Aujourd’hui, le paiement de la dîme est un exercice facultatif. Plus personne ne craint d’être pointée du doigt pour s’en abstenir, même si certaines églises tombent presque en ruines. J’observe toutefois que la pratique existe toujours.

À Sacré-Cœur, le bulletin paroissial fait état des versements de la dîme pour le 12 mars (360 $) et le 19 mars (580 $). Les gens de Sacré-Cœur sont des personnes très fières de leurs racines et de leur patrimoine. Ils portent leur église dans leur cœur puisqu’elle a été témoin de leur baptême, du mariage de la plupart d’entre eux et de l’enterrement de proches. Une église, c’est un lieu sacré où le profane n’a pas sa place s’il peut le trouver à un autre endroit comme c’est le cas pour ce spectacle de drag-queens. Je n’ai personnellement rien contre le phénomène, mais cela me laisse totalement froid et ne manque nullement à ma culture avec un grand C. 

J’ai lu toutes sortes d’horreur sur le sujet, mais je refuse de naviguer dans ces eaux. Le choix de la Fabrique Sacré-Cœur est un choix intelligent et respectueux quoiqu’en pense un citoyen qui l’a commenté en ces termes : « Ouais, les tits vieux coincés dans le passé sont pesants dans la Fabrique Sacré-Cœur. Je trouve ça triste quand 2023 qu’il y ait encore autant de gens coincés dans mon beau village natal ». (Les fautes ne sont pas de moi)

La Fabrique n’a pas condamné le spectacle, mais l’a simplement déplacé en un lieu plus approprié. Elle va peut-être se priver de quelques milliers de dollars, mais elle demeure sincère avec ses convictions. Une église demeure un lieu de recueillement qui ne souffre pas de compromis au nom des gains faciles sous prétexte que le chauffage coûte cher.

D’ailleurs à ce sujet, je suis profondément persuadé que le temps est venu de réfléchir collectivement à d’autres sources de financement pour les églises. Je pense au Mouvement Desjardins qui s’est développé dans les milieux ruraux du Québec grâce aux fabriques. Pourquoi ne créerait-il pas un fonds de soutien pour le fonctionnement des églises en renonçant pour un temps à compétitionner les grandes banques avec ses remises aux épargnants. Une partie de celles-ci pourraient être déviées vers la préservation du patrimoine religieux des régions du Québec. 

Je pense aussi à Hydro-Québec qui pourrait offrir un congé de paiement aux fabriques pour leur permettre de rénover adéquatement les églises de la Belle Province. Enfin, les solutions ne manquent pas. Il suffit d’y réfléchir. Les municipalités le font déjà avec le congé de taxes, pourquoi pas notre plus beau fleuron national?

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