Dr Camille Marcoux : il y a 50 ans, la région perdait « un géant » 

Par Emy-Jane Déry 5:20 AM - 13 septembre 2023
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Claudette Perry Marcoux et Camille Marcoux se sont mariés le 30 juin 1956. Photo BanQ Sept-Îles

« Je ne pourrais jamais vivre sans toi », cette phrase, Camille et Claudette Marcoux se la répétait souvent, devant leurs enfants. Leur fils, Perry Marcoux, s’en souvient très bien. 

« Ils étaient fusionnels », décrit-il. 

Le 13 septembre 1973, c’était une magnifique journée. Le petit Perry avait 11 ans, mais il s’en souvient. C’est le jour où il est devenu orphelin. 

Il se rappelle de son enfance privilégiée à Lourdes-de-Blanc-Sablon. Son père travaillait beaucoup, mais il venait toujours dîner et souper à la maison. Pas de télévision. Des journaux arrivés une semaine après leur impression, qui traînent un peu partout dans le salon. Des soirées festives, où les parties de cartes animent la visite autour de la table de cuisine. 

Des week-ends au chalet, sur la pointe des Belles Amours. Un toponyme parfait pour le spectacle qui s’y jouait. Claudette qui pêche le saumon à la mouche. Camille qui chasse. 

L’accident

En septembre 1973, Camille Marcoux avait organisé un voyage de spécialistes sur un bateau. Il en faisait venir une fois par année. 

« Mon père faisait de tout, il pouvait arracher des dents, mais pour faire un traitement de canal, ça prenait un vrai dentiste », illustre Perry Marcoux. 

Il était donc parti pour une semaine avec eux, dans les villages. 

« Il a demandé à ma mère d’aller le rejoindre pour le dernier bout », raconte M. Marcoux. Les spécialistes venus étaient aussi des amis. L’occasion était bonne pour une réunion amicale.

« Ça ne lui tentait pas vraiment, mais elle a fini par lui dire oui », se souvient leur fils. « Mes parents s’aimaient, c’était fou. »

Claudette Marcoux a profité d’un voyage d’hélicoptère-ambulance qui devait transporter un patient pour aller rejoindre son époux. 

C’est sur le retour du couple vers la maison, à Lourdes-de-Blanc-Sablon, que le drame s’est joué. À bord de l’hélicoptère se trouvaient Camille et Claudette Marcoux, Diane Dupuis, une jeune aide-soignante de 21 ans et le pilote, Steve Power. Ils sont arrêtés à La Tabatière pour mettre de l’essence dans l’hélicoptère.  

« Au départ, le moteur a toussé un peu, mais il est quand même parti et ils se sont plantés », résume tristement Perry Marcoux. 

Le coroner Guy Petitgrew, un avocat de Sept-Îles à l’époque, a été mandaté d’enquêter sur l’accident. Il n’a pas été possible de retrouver les documents de cette enquête dans les archives nationales. La cause exacte de l’accident demeure donc nébuleuse. Mais une des théories, jamais officialisée, est que l’essence utilisée était de mauvaise qualité. 

« On n’a jamais pu prouver que c’était de l’eau dans le gaz et que le moteur a juste arrêté de fonctionner », souffle-t-il. 

Claudette Marcoux est morte sur le coup. Le corps du pilote, Steve Power n’a jamais été retrouvé. Diane Dupuis et le Dr Camille Marcoux sont morts noyés, ce qui laisse croire qu’ils auraient survécu à l’impact. Camille Marcoux ne savait pas nager, souligne son fils. 

L’autopsie de Diane Dupuis aurait démontré qu’elle avait de la chair sous les ongles. 

« On ne le saura jamais, mais c’est possiblement parce qu’elle a voulu aider mon père une fois dans l’eau », avance Perry Marcoux. « J’aime le penser en tout cas. »