Les municipalités ne connaissent pas suffisamment les entreprises autochtones 

Par Sylvie Ambroise ǀ Initiative de journalisme local 11:45 AM - 27 septembre 2023
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Quelques 250 participants (élus, gens d’affaires ainsi que des représentants d’organisations publiques) se sont rassemblés dans la communauté de Uashat mak Mani-utenam.

Les municipalités et les entreprises autochtones ne communiquent pas suffisamment entre elles, ce qui peut nuire à l’attribution de contrats, a-t-il été soulevé dans un panel du Cercle économique régional des Premières Nations et du Québec, incluant les maires de Port-Cartier, Roberval, et le chef d’ITUM. 

C’est à Uashat mak Mani-utenam que s’est déroulé le 4e Cercle économique régional des Premières Nations et du Québec. Quelque 250 participants venant de partout dans la province s’y sont rencontrés pour discuter autour des thèmes de la cohabitation entre les Premières Nations et le peuple québécois, des ressources naturelles, du tourisme, de la culture et du développement durable.

Un panel de discussions qui regroupait le maire de Port-Cartier, le maire de Roberval et le chef de ITUM a reçu une question provenant de l’assistance. 

« Ma question s’adresse aux municipalités. Les communautés sont des pépinières économiques grandissantes. Est-ce que vous avez des plans ou des stratégies à venir pour ces entreprises, que ça soit pour venir soumissionner, ou nous ouvrir la porte pour vous faire des offres de services ? », a demandé Jean-Sébastien Shikuen Vollant, responsable du développement chez Plan Xpert. 

« Vous et votre entreprise, êtes-vous déjà venu vous présenter à la Ville de Port-Cartier ? Et nous exposer les services que vous avez dans votre entreprise. Il y a ça aussi… vous faire connaître. Si nous on ne sait pas que l’entreprise elle existe, comment voulez-vous que l’on fasse appel à vos services. Je pense que c’est le début de tout ça », a répondu Alain Thibault, maire de Port-Cartier et préfet et président de l’Assemblée de la MRC de Sept-Rivières.

Le maire de Roberval, Serge Bergeron a renchéri. « On a des entrepreneurs innus et ils ne se font pas connaître non plus, et après ça, ils viennent frapper à notre porte en nous disant — comment ça se fait que vous ne nous donnez jamais d’ouvrage, même de gré à gré ? — Bien oui, mais on ne te connaît pas », a clamé M. Bergeron, qui a octroyé récemment un contrat à une entreprise innue de Mastheuiasht pour la Ville de Roberval. « C’est ouvert et c’est possible et il faut mettre les choses en place », a-t-il ajouté.  

Le chef d’Innu Takuaikan Uashat mak Mani-utenam, Mike Mckenzie ajoute : « une idée à lancer, peut-être, pour les municipalités et les conseils de bandes, ce serait d’engager un agent de changement, ou agent de relation avec les autochtones, que l’on pourrait défrayer moitié-moitié. Peut-être que les dossiers avanceraient mieux, que ça soit une personne
non autochtone ou autochtone… On a besoin d’une personne entre les deux communautés. On le fait déjà avec les minières », a souligné le chef. 

« Faites-nous confiance » 

Le principal constat que les entreprises du secteur de la construction ont soulevé est le manque de place occupée par les Autochtones dans le domaine. 

« Je pense que le défi est de nous faire confiance, on est capable de travailler. Je pense que c’est rare de voir des contremaîtres ou des surintendants qui sont autochtones, puis je pense qu’il y en a beaucoup qui sont qualifiés pour le faire. C’est de nous donner notre chance, notre place, c’est souvent que l’on mérite d’être là. Faites-nous confiance », a dit Jessie-James Fontaine, cofondateur de Nishk, une jeune entreprise qui œuvre depuis deux ans dans le domaine de la machinerie lourde.

Jamais trop de monde

Le directeur de Développement Économique Sept-Îles, Paul Lavoie, via son organisation, a entamé des relations avec la communauté innue de Uashat mak Mani-utenam, et ce, depuis plusieurs années. 

« On a jamais un assez grand réseau et en particulier les gens qui sont avec nous sur le territoire. Il y a une grande présence des communautés innues sur la Côte-Nord et c’est des gens qui peuvent soit venir travailler dans les entreprises, ou en développer de nouvelles. Il y a énormément de jeunesse et de créativité et on a un grand avantage à travailler tout le monde ensemble dans les différents projets. Donc plus on se côtoie, plus on apprend à se connaître, plus les occasions vont se présenter », a dit monsieur Lavoie, en entrevue sur les ondes de la radio CKAU. 

C’était la première édition du Cercle économique régional des Premières Nations et du Québec à se ternir dans une communauté autochtone de la province.

« La communauté de Uashat mak Mani-utenam est fière d’avoir été l’hôte d’un rassemblement aussi important pour l’avenir des Premières Nations du Québec. Ce grand forum, qui s’est déroulé sous le shaputuan et qui a été fidèle à la culture innue, démontre tout le chemin parcouru et prouve que les communautés doivent avoir leur place dans l’économie du Québec », indique Mike « Pelash » Mckenzie, chef de Uashat mak Mani-utenam.

Lancé en 2021 à Montréal, le Grand cercle économique des Peuples autochtones et du Québec s’est transformé en Cercle économique régional des Premières Nations et du Québec appelé à se déplacer de région en région, et par cette occasion, les gens d’affaires et le milieu municipal sont invités à faire des engagements, afin de permettre aux Peuples autochtones une meilleure inclusion dans l’économie québécoise. 

Pas moins de 17 engagements, visant une meilleure inclusion économique des Premières Nations à l’économie québécoise, ont été formulés par des organisations participantes, dont Hydro-Québec, le Port de Sept-Îles, le ministère de l’Emploi, entre autres. 

Vous pourrez visionner l’entièreté des panels de discussions de l’évènement sur www.innuweb.com. Le lieu de la tenue du prochain Cercle économique régional des Premières Nations et du Québec n’a pas encore été révélé. La Journée nationale de la vérité et de la réconciliation avec les Peuples autochtones est le 30 septembre de chaque année. 

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