CHRONIQUE | Notre ville serait-elle en déclin?

Par Raphaël Hovington 12:00 PM - 23 novembre 2023
Temps de lecture :

Photo archives

SOS. Notre ville serait-elle en déclin. S’il n’y a pas de vrai leader qui se lève d’ici peu, notre devise ne sera plus « De puissance comblée », mais, c’est triste à le dire, sans doute « De puissance désolée ».

Vous allez me dire : mais qu’est-ce qu’il lui prend aujourd’hui ? Quelle épice brûlante a-t-il avalé pour lancer un SOS ? Ma bougie d’allumage : l’élection de Denis Miousse comme maire de Sept-Îles. Tout d’abord sincères félicitations à l’heureux vainqueur fort d’une confortable majorité de 477 voix sur son plus proche adversaire. Il en avait tout de même huit. Un exploit digne de mention !

Le nouveau maire de Sept-Îles a déclaré tout de go vouloir se mettre à la tâche pour que Sept-Îles redevienne la métropole de la Côte-Nord. Cherche-t-il ainsi à nous ramener trente ans en arrière à l’époque des éternelles chicanes entre Sept-Îles et Baie-Comeau pour le port d’un titre qui sonne creux et divise plus qu’il ne rassemble. Mais comme il n’y a jamais de fumée sans feu, on a le droit de s’inquiéter.

Personnellement, je ne suis pas rassuré. Baie-Comeau a perdu tout son poids politique dans le firmament québécois. Même s’il a donné un député au puissant gouvernement de la CAQ, Baie-Comeau semble être sans voix. Qui se lèvera pour mettre un terme aux déclins démographique et économique qui minent le moral des Baie-Comois ? 

Le nouveau maire de Sept-Îles est un politicien aguerri. Il a siégé au conseil municipal comme conseiller pendant 17 ans. Il est très impliqué dans sa communauté. Il préside également le conseil d’administration du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte-Nord. Donc pas étonnant qu’il veuille l’aider à agrandir l’urgence de l’hôpital de Sept-Îles même si cela passe par la démolition de l’actuel hôtel de ville. Nul doute qu’il réussira à mener à terme ce projet avec le soutien de la ministre responsable de la région de la Côte-Nord et députée de Duplessis, Kateri Champagne Jourdain. 

Agrandir l’urgence, c’est tout à fait louable et souhaitable. À Sept-Îles, contrairement à chez nous à Baie-Comeau, les gens parlent d’une même voix. C’est ce qui leur confère ce sentiment de puissance et le goût de reconquérir le titre ronflant de métropole de la Côte-Nord. Il y a cinquante ans, le fédéral n’avait que d’ambition pour Sept-Îles. Baie-Comeau devait se contenter des miettes. Monsieur Miousse veut-il remonter les horloges du temps pour nous ramener à cette bien triste époque.

Actuellement, il y a de grands enjeux économiques sur la table. Je pense notamment au dossier de l’hydrogène vert. Qui va gagner à cette loterie ? Teal Chimie & Énergie ou Hy2gen ? L’une comme l’autre mérite de sortir gagnante de la loterie d’Hydro-Québec pour la prospérité de la Côte-Nord. Mais le dernier tour de roulette n’a guère été payant pour la Côte-Nord avec seulement un maigre 25 MW alors que notre région produit un pourcentage plus que respectable de l’énergie électrique au Québec.

S’il y a une chicane régionale pour l’obtention des précieux mégawatts, qui croyez-vous l’emportera ? De deux choses l’une : ou les gens de Baie-Comeau se rallient autour d’un leader fort et s’expriment d’une même voix, ou les hommes politiques de Sept-Îles et de Baie-Comeau s’associent pour obtenir leur juste part des réserves électriques en rappelant au gouvernement du Québec et à Hydro-Québec qu’ils ont sacrifié une grande partie du territoire pour que la province puisse jouir d’une source d’approvisionnement fiable, constante et renouvelable. Tout cela l’a été au prix de nos rivières.

Comme on le sait, tout le monde salive devant une tarte alléchante, mais lorsque vient le temps de la partager, ce sont les plus voraces qui croquent les plus gros morceaux. Est-ce qu’on veut revenir à cette époque ou est-ce que l’on veut apprendre à faire de la politique autrement en 2023 ? J’espère que Québec comprendra le message. J’espère aussi que la Côte-Nord ne va pas recommencer à se tirailler pour quelques arpents d’économie, mais s’unir d’une même voix pour sortir de sa léthargie.

Partager cet article