Des députés examinent une demande d’étude sur les prix en téléphonie mobile
LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick
Alors que certains députés se réunissent jeudi pour réfléchir à une demande d’étude sur l’augmentation des prix des forfaits de téléphonie mobile, des observateurs de l’industrie des télécommunications affirment qu’il est clair que les coûts sont trop élevés malgré les indications selon lesquelles les prix ont baissé ces dernières années.
Les membres du Comité permanent de l’industrie et de la technologie discutent du sujet après que Rogers Communications a confirmé la semaine dernière que les prix augmenteraient en moyenne de 5 $ pour les clients sans fil sans contrat. Cette décision prendra effet sur les factures reçues après le 17 janvier.
L’entreprise a refusé de commenter la réunion du comité, mais a souligné une déclaration antérieure faisant état de récentes annonces de prix. Rogers a notamment réduit de moitié le prix par gigaoctet de données de son forfait 5G le plus populaire et a réduit de 35 % son prix d’entrée 5G lorsqu’il est regroupé avec des services résidentiels.
Certains clients de Bell ont également publié sur les réseaux sociaux des photos d’avis les informant que leurs factures de services sans fil allaient augmenter. Toutefois, BCE n’a pas répondu aux demandes pour commenter la situation.
Telus n’a pas non plus répondu aux demandes de renseignements sur son intention d’augmenter ses tarifs. Jeudi, le directeur financier de Cogeco, Patrice Ouimet, a confirmé lors de la conférence téléphonique sur les résultats trimestriels de son entreprise que ses clients canadiens avaient connu une hausse de prix non précisée en octobre.
La fusion Rogers-Shaw
La réunion de jeudi sur la colline du Parlement a été demandée par les membres du Comité de l’industrie Rick Perkins, Ryan Williams, Brad Vis et Bernard Généreux du Parti conservateur et le député bloquiste Sébastien Lemire.
Ils ont écrit dans une lettre du 8 janvier que la hausse imminente des prix de Rogers semblait être le premier impact important d’une concurrence moindre dans le marché canadien de la téléphonie cellulaire après l’approbation par le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, de la fusion Rogers-Shaw l’année dernière.
À ce moment, le président et chef de la direction de Rogers Communications, Tony Staffieri, s’était engagé à réduire les coûts pour les clients, affirmant dans une entrevue que «la concurrence s’intensifie, particulièrement dans l’Ouest, et les prix vont baisser».
L’Association canadienne des télécommunications a souligné les données compilées à partir des rapports sur l’inflation de Statistique Canada montrant que les coûts des services cellulaires ont diminué de plus de 47 % au cours des cinq dernières années, contrairement à une augmentation globale de l’inflation de 19 % pour la même période.
«Même si nous remettons en question la nécessité d’une étude, nous savons qu’un examen des prix des forfaits sans fil montrera ce que Statistique Canada a déjà conclu: les services sans fil n’ont jamais été moins chers», a déclaré le porte-parole de l’association, Eric Smith.
«Alors que les prix ont baissé, l’industrie a investi des milliards pour augmenter la capacité, la couverture et la qualité du service, comme en témoigne une augmentation de 90 % des vitesses moyennes de téléchargement sur mobile au cours des cinq dernières années», a-t-il ajouté.
Tenir compte des besoins réels des clients
Mais le défenseur des consommateurs Mohammed Halabi soutient que certaines grandes entreprises essaient de vendre des forfaits plus importants avec plus de données et d’options de regroupement. Cela signifie que les consommateurs pourraient voir leurs factures de télécommunications augmenter, même s’ils en auront plus pour leur argent.
Il a souligné qu’il était difficile de trouver des offres qui tiennent correctement compte de l’utilisation moyenne de la plupart des clients.
«Je trouve toujours les prix trop élevés», a affirmé M. Halabi, directeur de MyBillsAreHigh.com, une société qui aide les entreprises et les particuliers à réaliser des économies sur leurs dépenses de télécommunications.
«Tout le monde essaie de proposer des forfaits plus importants, plus de données. Oui, le coût par gigaoctet a baissé quand on y regarde parce qu’ils vous proposent 100 ou 50 gigaoctets pour 75 $ contre 30 pour 75 $, mais nous voulons voir des prix moins chers qui répondent correctement aux besoins des clients.»
Dans un communiqué, M. Champagne a déclaré que les consommateurs canadiens paient toujours trop cher malgré les progrès réalisés dans la baisse des prix. Il a exhorté les opérateurs «à considérer sérieusement les clients plutôt que les bénéfices en ce moment».
Lorsqu’on lui a demandé de préciser quelles mesures spécifiques le ministre pourrait prendre et s’il soutenait une éventuelle étude sur les prix des télécommunications, une porte-parole de son bureau a répondu: «Nous prendrons les mesures appropriées, si nécessaire et si le moment est venu.»
«En tant que régulateur, le ministre dispose de plusieurs options et outils, a dit Audrey Champoux. Nous laisserons le comité indépendant débattre et prendre sa décision sur la meilleure voie à suivre.»
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