Pointe-Lebel se concentre sur le projet d’eau potable

Par Charlotte Paquet 18 septembre 2018
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On aperçoit le maire Normand Morin tout près de la source d’eau potable du parc Murray. De l’eau brune coule dans le ruisseau. En période de sécheresse en été, l’apparence est pire encore, assure-t-il. Photo Le Manic

Baie-Comeau – Pointe-Lebel effectue un virage important dans le dossier de l’eau potable et du traitement des eaux usées de ses deux parcs de maisons mobiles. Après des décennies d’études et des centaines de milliers de dollars investis sans que les travaux soient encore réalisés, elle décide d’écarter complètement ce deuxième et épineux volet pour se concentrer uniquement sur l’approvisionnement en eau potable.

« Quand on a un caillou dans le soulier qui t’empêche d’avancer, tu l’enlèves », illustre le maire Normand Morin, tout juste avant d’ajouter que le caillou de la municipalité, c’est le traitement des eaux usées.

Le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques refuse toujours de reconnaître la technologie de traitement retenue par la municipalité, mais si elle est déjà utilisée ailleurs au Québec. Pourtant, pendant ce temps, les installations septiques souffrent de désuétude avancée et les champs d’épuration sont colmatés au parc Murray comme au parc Langlois. Des odeurs nauséabondes et des matières brunes en suspension s’en échappent, comme la représentante du journal Le Manic a pu le constater lors d’une visite au parc Murray.

Selon M. Morin, la question de l’approbation de la technologie demeure le seul élément qui retarde la réalisation des travaux, puisqu’au ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire, le dossier a franchi toutes les étapes et l’aval est donné à sa réalisation. « Le pire dans tout ça, c’est qu’on vient de recevoir une lettre du ministère des Affaires municipales et notre dossier est en priorité. L’argent est là », explique-t-il.

L’ensemble du projet est évalué à 13 M$, dont 2 M$ concernent le centre de traitement des eaux usées.

Fini d’attendre

« Là, on ne peut plus attendre. Les tuyaux sont finis. Il y a des trous gros comme le petit doigt. Il y a des fuites d’eau », explique le maire. Faut-il rappeler que la principale problématique au parc Langlois en est une de quantité, tandis qu’au parc Murray, il est question de qualité.

La municipalité s’apprête donc à refaire une demande de subvention au gouvernement du Québec touchant uniquement la mise aux normes de l’eau potable dans ses deux parcs. Elle fonde des espoirs dans le nouveau programme Primeau, lancé à la mi-mai par Québec.

« Si ça ne marche pas, on va se lancer dans un plan de remplacement de notre tuyauterie sur 10 ans. On va aussi essayer d’aller chercher l’eau à Baie-Comeau ou encore de faire creuser un puits au parc Murray », souligne notamment M. Morin, qui prévoit aussi déplacer la conduite d’alimentation principale puisqu’elle passe actuellement sous des maisons mobiles.

Lors de bris de cette conduite, les réparations se compliquent pour cette raison. Encore tout récemment, il a fallu soulever une maison mobile afin d’effectuer la réparation. En hiver, la situation se corse beaucoup plus, laisse entendre le maire.

Par ailleurs, depuis 2012, une usine de nanofiltration traite l’eau potable du parc Murray, une eau brune puisée dans un petit ruisseau. En plus d’occasionner des coûts d’entretien et de location autour de 100 000 $ par année, cette usine connaît parfois des ratés qui privent d’eau la cinquantaine de propriétaires de maisons mobiles du secteur. « C’est 100 000 $ qu’on dépense inutilement à toutes les années », affirme le maire, en soulignant que si les travaux de mise aux normes s’étaient réalisés bien avant, c’est de l’argent qui n’aurait pas eu à être injecté.

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Un dossier qui traîne en longueur

Les premières études reliées à l’approvisionnement en eau potable des deux parcs de maisons mobiles de Pointe-Lebel remontent aux années 70. Cependant, c’est en 1999 que l’aggravation des problèmes de qualité et de pénurie a donné lieu à l’enclenchement de nouvelles études.

C’est ce que rapporte la municipalité dans un document rappelant l’historique du dossier, qui a été présenté à des citoyens, samedi, lors d’une séance publique d’information à propos de la nouvelle orientation prise afin que les travaux se réalisent enfin.

Il y a près d’une cinquantaine d’années, le dossier de la desserte en eau potable des deux parcs privés avait été abordé par la municipalité de Pointe-Lebel dans une période où elle planifiait de futures installations d’eau potable dans le centre du village.

En 2002, Québec avertit les anciens propriétaires des parcs Langlois et Murray, Gilles Langlois et Roger Murray, qu’ils devront se conformer aux nouvelles normes concernant l’eau potable et le traitement des eaux usées. Déjà à ce moment-là, il était question de se raccorder au réseau d’eau potable de la ville de Baie-Comeau.

Puisque les deux parcs étaient de propriété privée, MM. Langlois et Murray n’étaient pas admissibles à des aides gouvernementales et les deux propriétaires n’avaient tout simplement pas la capacité financière de répondre à la commande. La survie même des parcs était menacée.

Devant ce fait, en 2013, Pointe-Lebel a acquis le parc Langlois au coût de 900 000 $ et, l’année suivante, elle faisait de même pour le parc Murray au coût de 250 000 $. La condition principale à respecter pour bénéficier d’une subvention était remplie, croyait-elle alors.

Fait à noter, en novembre 2014, une entente intervenait avec la ville de Baie-Comeau pour la fourniture d’eau.

Par la suite, plusieurs études ont encore été réalisées pour dresser le diagnostic des systèmes de traitement des eaux usées et prévoir la meilleure technologie possible. Or, le refus du ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques de reconnaître le système Ecoprocess SBR a été la goutte qui aura fait déborder le vase pour la municipalité.

Il faut dire qu’à l’automne 2016, Pointe-Lebel avait manqué le bateau d’un nouveau programme de subvention parce que sa technologie pour le traitement des eaux usées n’était pas encore choisie. Deux ans plus tard, elle scinde son projet en deux dans l’espoir de se qualifier au nouveau programme d’aide en place depuis la mi-mai.

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