Noël, la magie de la lumière

22 Décembre 2014
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Noël est, pour plusieurs, une fête magique. À son approche, on retrouve l’excitation qu’on ressentait, enfant. Cette excitation passe par les différentes traditions transmises à travers les siècles, qui ont façonné cette célébration pour en faire celle qu’on connaît aujourd’hui. Mais qu’est-ce qui rend cette fête si particulière dans l’année?

Karine Boivin Forcier

Les experts sont unanimes : la première chose qui fait la magie de Noël, c’est la lumière. «On est au temps de l’année où l’ensoleillement est à son plus court. Depuis la préhistoire jusqu’à aujourd’hui, il y a toujours eu des pratiques d’illumination au solstice, comme les feux, les chandelles. On essaie d’abolir la nuit», révèle l’ethnologue et historien spécialiste de Noël, Yvan Fortier.

Cette célébration s’inscrit donc dans la tradition des fêtes de la lumière. «Les bougies, les feux, les guirlandes, ces sources d’éclairage qui mettent l’accent sur la lumière, c’est ça qui fait la magie», ajoute Martine Roberge, professeure d’ethnologie au département des sciences historiques de l’Université Laval.

Le sapin

Autre élément de la magie, le traditionnel sapin est l’un des thèmes principaux de Noël et des Fêtes. «C’est une très ancienne tradition. Vers le 12e siècle, au Moyen-Âge, avant la messe de minuit, l’Église avait l’habitude d’offrir une pièce de théâtre représentant Adam et Ève dans le paradis terrestre. Le pommier a été remplacé par le sapin, parce que cet arbre gardait sa verdure en hiver. On suspendait alors des pommes dans le sapin pour représenter le pommier», raconte Yvan Fortier.

Au 16e siècle, cette tradition a commencé à sortir de l’église et à s’installer dans les maisons. Au Québec, l’arbre naturel était rentré le 24 dans la maison. Il était alors érigé selon la tradition allemande, soit sur une table. Des petites chandelles colorées existaient déjà à l’époque pour décorer ce sapin.

«La magie tient beaucoup à la présence du sapin. À ce moment, c’est lui qui porte les cadeaux accrochés à ses branches. Des souliers, des peignes, des vêtements, des foulards, des mitaines, qui n’étaient pas emballés», explique M. Fortier.

Ainsi, on faisait ce qu’on appelait le dépouillement de l’arbre, en retirant les cadeaux. Plusieurs étaient d’ailleurs comestibles et exprimaient l’abondance. Évidemment, au moment du dépouillement, la famille apercevait l’arbre pour la première fois.

La religion

Évidemment, Noël ne se comprend bien qu’en étant la célébration de la naissance de Jésus-Christ. «Dans l’Antiquité, on avait la croyance que les Dieux se manifestaient sur terre sous la forme d’épiphanes. C’est pour ça qu’avant Noël, on fêtait Jésus le 6 janvier, soit à l’Épiphanie, devenue la fête des Rois», indique l’historien.

Au quatrième siècle, on a statué clairement que Jésus était le fils de Dieu et un homme. On pouvait dès lors célébrer sa naissance. «Dans la tradition de l’Église, comme Jésus était un être parfait, et qu’il était mort un 25 mars, il fallait qu’il ait été conçu un 25 mars également. Donc, ça donne une naissance… le 25 décembre», précise Yvan Fortier. C’est en 354 que le pape Libère a officialisé le 25 décembre comme le

Jour de la Nativité ou Noël.

Autre pratique religieuse ayant marqué Noël, la messe de minuit a bien sûr longtemps occupé une place prédominante chez les familles québécoises. Au retour, il était de coutume de prendre un bouillon chaud en famille avant de se coucher. C’est l’ancêtre du réveillon, qui est, quant à lui, une pratique française des 18e et 19e siècles qui s’est répandue par la suite.

Les 12 jours

La pratique populaire voulait que les festivités du solstice durent 12 jours. Ainsi, au 6e siècle, l’Église a admis que la fête de Noël durerait 12 jours, soit entre le 25 décembre et le 6 janvier (les Rois). Le Québec n’a pas échappé à la tradition.

En Nouvelle-France, à l’époque où l’on possédait des foyers, la vieille pratique européenne de la bûche avait court. «On faisait brûler une bûche de bois dur pendant les 12 jours de Noël. Le soir du 25 décembre, on y versait de l’eau de vie», rappelle M. Fortier.

Par la suite, avec l’avènement des poêles en fonte, on est rapidement passé de la bûche de foyer à la bûche centre de table, puis à la bûche gâteau, une autre tradition héritée des Français, au 20e siècle.

L’importance des traditions

Selon la psychologue Nathalie Parent, les traditions sont très importantes pour les enfants. «Quand on fait chaque année quelque chose de semblable, cela donne des repères à l’enfant. Les rituels créent un rythme dans l’année, cela rend l’enfant sécure, ça crée une continuité», assure-t-elle.

Les Fêtes sont également une période propice aux apprentissages. «Le fait de prendre du temps avec eux, d’être présents mentalement pour eux, de se retrouver en famille, cela leur permet de mobiliser leur énergie pour grandir. Juste en prenant le temps. Être entouré d’amour, ça fait grandir», conclut-elle.

 

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