Yvon Boudreau : « Le maire, c’est un politicien, ce n’est pas un entrepreneur »

Par Charlotte Paquet 25 octobre 2017
Temps de lecture :

Âge : 65 ans

État civil : Célibataire

Formation : Baccalauréat en relations industrielles (1977)

Carrière : Superviseur à la céréalière Cargill pendant 22 ans et retraité depuis 2010

Votre premier geste une fois assermenté?

Il va y en avoir deux. Le premier geste, c’est qu’on s’assoit pour commencer à faire le budget pour 2018. Le deuxième, c’est que je réunis les membres de mon conseil pour des rencontres individuelles avec chacun des membres et après une rencontre de groupe. On s’assoit aussi pour faire une mise à jour sur les négociations des conventions collectives des employés. Les négos sont au ralenti, mais on est dedans. Il y a eu une accalmie pendant l’été.

Le projet qui vous tient le plus à cœur?

Pour avoir vécu l’aventure de Ferro Atlantica, moi, ce qui me tient le plus à cœur, c’est de voir la réalisation et la concrétisation comme telle de Mason Graphite et de Canadian Metals (Les Métaux canadiens), puis ça là, je suis prêt à m’embarquer. Je veux voir aussi à être plus proactif avec les gens du milieu qui ont déjà fait des démarches. Il y a aussi un autre projet auquel aussi que je veux m’associer, c’est le groupe Corporation de gestion du port de Baie-Comeau. C’est un dossier que je veux qui se règle à l’intérieur du prochain mandat. Ces gens-là travaillent depuis 2012 à sa réalisation. Moi, ma job comme élu, c’est d’accompagner M. Lefebvre (Marc), c’est ça qui est important.

Dans l’avenir, plus ou moins de services municipaux?

Dans l’avenir, voyez-vous, les services, on les garde. On maintient nos services comme on est là.

Que faire pour inverser le déclin démographique?

Le maire, de toute façon, c’est un politicien, ce n’est pas un entrepreneur. Lui comme politicien, ce qu’il peut faire, c’est d’être à l’affût. S’il apprend que des entreprises sont intéressées par Baie-Comeau, c’est à lui de faire des démarches pour aller les rencontrer. Je crois que la solution, c’est que si on a des entreprises qui viennent à Baie-Comeau, on va arrêter la baisse démographique de nos jeunes. Je crois à ça parce que le passé nous dit que c’était de même qu’on a vécu ça. Quand j’avais 18 ans, mon père me prenait par la main et me plaçait au moulin ou à l’aluminerie à ce moment-là. C’était vraiment pas dur et j’en avais pour 40 ans. Aujourd’hui, nos enfants n’ont plus la même opportunité.

Comment ramener Baie-Comeau sur la voie de la prospérité durant votre mandat?

Mon volet va être politique. Ce que je peux faire, c’est dès que je vais être au courant, c’est d’être à l’affût, d’être prêt. Au niveau des instances gouvernementales, on voit qu’il y a des départs d’employés et de postes importants au niveau gouvernemental. Ce que je peux faire, c’est de réagir auprès des ministères concernés pour leur dire « regardez, il y a une fuite de biens ». Si on a du développement avec l’acquisition du port, si on a du développement par la 389, il y a bien des choses aussi qu’on pourrait installer aussi à Baie-Comeau au niveau gouvernemental.

Comment créer un sentiment d’appartenance chez les citoyens?

C’est de les impliquer justement. C’est de leur faire comprendre et de créer un climat où les gens se sentent importants et doivent travailler ensemble et pour comprendre l’importance de ça, comment on peut s’en sortir. On a beaucoup de travail qui se fait dans un genre de silo entre les gens, il faudrait que les gens comprennent que c’est ensemble qu’on va réussir. Moi, le sentiment d’appartenance, je suis né avec. Je suis bien partout à Baie-Comeau.

En même temps, les gens rendus à l’extérieur et qui réussissent de grandes choses pourraient nous aider, car ils ne renient pas leur Baie-Comeau.

Baie-Comeau est-elle encore trop dépendante de la grande entreprise?

Effectivement, elle est très dépendante de la grande entreprise. Vous savez tous l’angoisse qu’on peut vivre avec Résolu présentement. Oubliez pas, quand on a été élus en 2013, on a eu comme cadeau 540 mises à la retraite chez Alcoa et plus de 90 chez Résolu, 630 personnes qui quittaient et c’est des gens qu’on n’a pas été capable de garder. Il y a bien de ces gens-là qui ont quitté la région, mais les rues n’ont pas rapetissé. Il faut donner les services quand même. Et la fragilité de la Ville au niveau des finances, elle est là aussi.

À part hausser les taxes, que peut faire un maire pour augmenter les revenus de la municipalité?

À part les taxes, c’est très limité. Ce qu’on peut voir, c’est que de diminuer les taxes et de garder nos services, c’est une composante qui est compliqué à faire. Au niveau du gouvernement comme tel, ce que j’ai besoin, c’est un gouvernement qui, avec Investissement Québec, va référer Baie-Comeau sur des projets d’entreprise. C’est ça que j’ai besoin et c’est ça qui s’est produit dernièrement, car, dans le fait d’avoir échappé Ferro Atlantica, le point positif dans tout ça, c’est qu’on s’est fait connaitre chez Investissement Québec.

Il ne faut pas voir que tout est morose. Il y a des choses qui sont en place, mais qu’on ne peut avancer, car ce serait faire quasiment du leurre au niveau de la population. On est en belle position, il y a des choses qui s’en viennent, mais on ne peut pas avancer présentement.

Comment voyez-vous Baie-Comeau dans 20 ans?

Je la vois qui va être revenue tout près de ce qu’elle était il n’y a pas si longtemps, soit entre 25 000 et 28 000 personnes. Présentement, on est près de 22 000 habitants. Je vois un développement qui va avoir de nouvelles structures ici. Je peux juste vous donner un son de cloche, et ça, je peux vous le donner, peut-être que l’une des grandes entreprises qui est ici, qu’on ne voit pas, va devenir la grande entreprise de Baie-Comeau. Ça va être la surprise!

Dans quel créneau peut se distinguer Baie-Comeau?

Il y en a deux, moi je dis les mines et le tourisme. On a récemment eu une rencontre avec la CPAM, la Corporation plein air Manicouagan dont je suis le président, et on a des performances records, cette année. Et ça nous donne un indicateur que c’est une voie d’avenir à développer à Baie-Comeau. Au niveau des mines, avec ce qu’on a comme produits dans l’arrière-pays, effectivement, c’est très bon. Avec Résolu, personne ne sait ce qui nous pend au bout du nez. Je peux vous confirmer que je n’ai pas de rencontre avec M. Trump là-dedans.

En dehors de la politique, qu’est-ce qui vous allume?

D’abord, je suis Chevalier de Colomb. Je suis membre des Lions. Comme hobby, auparavant, je faisais du curling, mais je n’ai plus le temps, car je suis impliqué dans beaucoup de choses au niveau de la Ville et au niveau de la vie aussi. Je suis demandé comme bénévole dans beaucoup d’activités, comme le hockey mineur, la guignolée, les maladies du cœur. Je suis un lecteur. J’aime lire beaucoup. J’aime les biographies, j’aime aussi l’histoire. Dans mes autres activités, je suis aussi un collectionneur de cartes de sports. J’ai des belles séries de ce côté-là.

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