Exclus du programme Emplois d’été Canada, le cégep réclame l’équité pour les étudiants internationaux

Par Charlotte Paquet 1 février 2018
Temps de lecture :
Le directeur général du cégep de Baie-Comeau, Claude Montigny, réclame le droit aux étudiants internationaux d’occuper un emploi d’été subventionné par le gouvernement fédéral. Photo archives Le Manic

Le directeur général du cégep de Baie-Comeau, Claude Montigny, réclame le droit aux étudiants internationaux d’occuper un emploi d’été subventionné par le gouvernement fédéral. Photo archives Le Manic

Baie-Comeau – Le cégep de Baie-Comeau dénonce le fait que les étudiants internationaux n’aient pas accès aux emplois d’été subventionnés par le gouvernement fédéral en raison d’une clause qui les en exclue. Criant à l’iniquité face aux autres étudiants, son directeur général, Claude Montigny, réclame des changements.

« Pour nous, c’est important que nos étudiants aient accès à ça. On vend nos programmes à l’international et on a du succès. Ils arrivent ici, mais sont victimes de discrimination », déplore M. Montigny.

Une soixantaine d’étudiants de l’international fréquentent l’établissement, soit 10 % de sa clientèle. Ils sont inscrits principalement en techniques d’aménagement cynégétique et halieutique (TACH) et en technologie forestière. La majorité d’entre eux passent l’été à Baie-Comeau pour travailler afin d’amasser des sous pour leurs études. Or, ils se font refuser certains postes sous prétexte qu’ils ne sont pas admissibles aux emplois subventionnés par le fédéral.

L’an dernier, une étudiante qui venait de se faire dire non à un emploi d’été tout à fait dans ses cordes, après avoir été sélectionnée dans un premier temps, a d’ailleurs pris l’initiative de contacter l’ambassade de son pays et le bureau du premier ministre Justin Trudeau afin de se plaindre de cette clause d’exclusion.

Depuis deux ans, M. Montigny effectue des démarches pour faire changer les choses. Des représentations ont été faites auprès de la députée fédérale Marilène Gill et d’Emploi et Développement social Canada, mais en vain. À l’approche de la date de dépôt des demandes de financement pour les employeurs admissibles au programme en 2018, qui est le 2 février, il a décidé de rendre publique l’iniquité dont sont l’objet les étudiants internationaux.

Situation ironique
Ironie du sort, le cégep lui-même se voit obligé d’être inéquitable à l’endroit de ses étudiants étrangers puisqu’il bénéficie du programme Emplois d’été Canada pour pourvoir des postes permettant d’acquérir des expériences de travail concrètes en lien direct avec les programmes de TACH et de technologie forestière. « Ceux (les étudiants) de l’international ne peuvent même pas y postuler », souligne le directeur général.

Pendant que le gouvernement fédéral va jusqu’à préciser dans les orientations de son programme que les organisations retenues doivent respecter les valeurs relevant de la Charte canadienne des droits et libertés, il inclut lui-même une clause d’exclusivité discriminatoire et incompréhensible, poursuit M. Montigny. Fait à noter, les jeunes immigrants et réfugiés font partie des priorités d’embauche.
Enfin, alors que les gouvernements du Québec et du Canada misent sur l’immigration plus que jamais, la clause qui empêche les étudiants internationaux d’obtenir des emplois d’été subventionnés demeure un non-sens, selon M. Montigny.

Pour toutes ces raisons, le cégep de Baie-Comeau réclame une réaction rapide des autorités gouvernementales afin de corriger le tir. Bien que les interventions des deux dernières années n’aient pas donné de résultat, l’établissement est confiant que cette fois-ci, sa démarche ne sera pas un coup d’épée dans l’eau.

« Là, on ne lâchera pas le morceau. Je ne peux pas croire que quelqu’un à quelque part ne changera pas d’idée », martèle M. Montigny en conclusion.

Partager cet article