Un grave accident de travail survient chez Alcoa et la CNESST l’apprend trois jours plus tard

Par Charlotte Paquet 29 août 2018
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Un travailleur a subi des blessures graves lors d’un accident survenu à l’aluminerie Alcoa samedi. La CNESST n’en a été informée que mardi matin. Courtoisie René Méthot

Baie-Comeau – Un accident de travail majeur est survenu à l’aluminerie Alcoa de Baie-Comeau le 25 août. Malgré sa gravité, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) n’a pas été mise au courant rapidement, mais l’a plutôt appris trois jours plus tard.

Le tragique événement a eu lieu vers 20 h 15. Comme le rapporte la responsable des communications et des relations publiques de l’organisme, Isabelle Raymond, un travailleur a subi d’importantes blessures au haut du corps lors d’une manœuvre de déplacement d’un pont roulant. Il aurait été frappé par un objet au moment où il manipulait le couvercle d’un creuset, un équipement servant au transport du métal en fusion.

Selon Mme Raymond, les secours ont été appelés rapidement et la victime a été transportée à l’hôpital de Baie-Comeau. Elle s’y trouvait toujours mardi et son état était considéré stable.

L’accident serait survenu après que l’employé ait utilisé de façon manuelle un panneau de contrôle plutôt qu’une télécommande. Des mesures de sécurité auraient immédiatement été mises en place, notamment avec le cadenassage du panneau en question.

Obligation légale

L’article 62 de la Loi sur la santé et la sécurité du travail oblige un employeur à rapporter un accident à la CNESST dans les 24 heures suivantes selon quatre critères, notamment en cas de traumatismes physiques importants.

Pourquoi Alcoa a fait fi de cette obligation cette fois-ci? Mme Raymond considère que c’est à l’entreprise de répondre. Or, du côté de l’aluminerie, on se limite à indiquer que les « efforts se concentrent à compléter notre enquête afin d’éviter qu’un tel incident ne se reproduise ainsi qu’à assurer notre soutien à notre collègue et à sa famille pendant son rétablissement ». Elle précise aussi collaborer avec la CNESST.

Fait à noter, en raison du délai entre le moment de l’accident et l’intervention de la CNESST au dossier, la tenue d’une enquête de sa part n’est plus pertinente. Dès qu’un accident survient, les lieux doivent être sécurisés et un inspecteur a à se rendre sur les lieux. « Pour nous, il n’est plus possible de faire une enquête, car des choses ont été déplacées. Il y a trop de jours qui se sont écoulés », indique la porte-parole.

L’entreprise mène donc elle-même sa propre enquête. « On lui apporte un support. Elle doit nous fournir ses conclusions. On va faire un suivi serré », assure Mme Raymond, qui dit ignorer si Alcoa sera réprimandée d’une quelconque façon pour ne pas avoir rapporté l’accident.

D’après Mme Raymond, il peut arriver que des employeurs omettent d’informer la CNESST d’un accident alors qu’ils auraient dû le faire. Tout ce que l’organisme souhaite maintenant, c’est que ça ne se reproduise pas avec l’aluminerie Alcoa et que les conclusions de l’enquête permettent d’éviter un tel accident dans l’avenir.

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