Énergie : Yves Montigny réclame une « clause Côte-Nord »

Par Charlotte Paquet 14 novembre 2018
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Selon le maire Yves Montigny, les investissements faits il y a quelques années au poste Hauterive (photo) pourraient répondre aux besoins de la Manicouagan en matière d’énergie pour alimenter des projets liés à la technologie de chaînes de blocs. Photo archives Le Manic

Selon le maire Yves Montigny, les investissements faits il y a quelques années au poste Hauterive (photo) pourraient répondre aux besoins de la Manicouagan en matière d’énergie pour alimenter des projets liés à la technologie de chaînes de blocs. Photo archives Le Manic

Baie-Comeau – Le maire de Baie-Comeau est confiant que son témoignage devant la Régie de l’énergie en faveur d’une « clause Côte-Nord » pour les projets liés aux chaînes de blocs ne restera pas lettre morte.

« Je suis confiant, oui, vraiment confiant qu’il y aura des critères particuliers pour la Côte-Nord », a lancé Yves Montigny après son témoignage devant l’organisme. « Mon feeling, c’est que la Régie est consciente qu’il y a de l’énergie disponible sur la Côte-Nord. Je m’attends qu’il y ait quelque chose de spécifique pour optimiser les installations (d’Hydro-Québec) », a-t-il précisé.

En février dernier, une douzaine de promoteurs avaient manifesté leur intérêt auprès de la Ville de Baie-Comeau pour lancer des projets faisant appel à la technologie des chaînes de blocs, que ce soit en matière de cryptomonnaie ou autres. Leurs besoins en énergie représentaient près de 1 000 mégawatts, en incluant le réseau de distribution municipal et celui d’Hydro-Québec.

Fixation des tarifs

Faut-il rappeler que la Régie de l’énergie a tenu, au cours des deux dernières semaines, une audience sur la fixation des tarifs et des conditions de service pour l’usage cryptographique appliqué aux chaînes de blocs.

Le maire Montigny a suivi les travaux sur place, à Montréal, les 5 et 6 novembre. Son témoignage a été livré le deuxième jour. La directrice des affaires juridiques de la Ville, Anick Tremblay, et le responsable du réseau de distribution, Stéphane Caron, y ont cependant passé pratiquement les deux semaines.

Si le maire martèle tant que de l’énergie, il y en a, c’est qu’Hydro-Québec motive son projet de 800 M$ pour la construction de la ligne de transport Micoua-Saguenay par la baisse de la demande d’énergie des dernières années sur la Côte-Nord (découlant du secteur industriel principalement) et par son souci d’un réseau fiable et sécuritaire.

Ce projet faisait d’ailleurs lui aussi l’objet d’une audience distincte devant la Régie de l’énergie la semaine dernière. Après ce qu’il a entendu, le président de l’audience a mentionné, selon M. Montigny, que les deux dossiers (chaînes de blocs et ligne de transport) ne devaient pas être étudiés en silo puisque l’un pouvait avoir des effets sur l’autre au chapitre de la prise de décision de l’organisme.

Faire la preuve

Le président aurait demandé à Hydro-Québec de lui apporter la preuve qu’il est vraiment nécessaire d’investir 800 M$ alors que des promoteurs liés à la technologie des chaînes de blocs réclament des mégawatts pour installer leurs pénates dans la Manicouagan.

« La plupart des personnes qui ont témoigné (à l’audience sur la ligne de transport) ont bien spécifié que si une ligne était nécessaire, c’était pour sortir l’énergie de la Côte-Nord, car il y avait une baisse de la demande, mais ce n’est pas vrai, car il y a preneur », insiste encore le maire de Baie-Comeau.

Dans son témoignage en faveur du développement de projets liés aux chaînes de blocs, le maire a réclamé la mise en place de conditions en fonction de l’emplacement de ces projets, et ce, dit-il, pour optimiser les installations actuelles d’Hydro-Québec. « J’ai pu amener ça, car j’ai été appuyé par d’autres, dont la Fédération canadienne des entreprises indépendantes », indique M. Montigny.

La fédération aurait proposé à la Régie de l’énergie de dédier à la Côte-Nord un bloc d’énergie pour éviter un investissement de 800 M$ dans une ligne de transport. La motivation de l’organisme est d’éviter une éventuelle hausse de tarif généralisée pour ses membres, indique le maire.

« Ça m’a donné de l’air pour mon témoignage à moi pour demander une « clause Côte-Nord » », souligne le maire, qui témoignait après les gens de la fédération.

Investissements déjà faits

Parlant d’installations à optimiser, l’élu ne manque pas de rappeler les 80 M$ injectés dans le poste Hauterive afin d’augmenter sa capacité en vue de la future expansion de l’aluminerie Alcoa, expansion qui ne s’est jamais concrétisée. Les travaux au poste se sont terminés en 2013.

Enfin, dans son témoignage, le maire de Baie-Comeau dit aussi avoir insisté auprès de la Régie sur l’importance de mettre en place des critères permettant de maximiser le développement économique de la région plutôt que de maximiser les profits d’Hydro-Québec, ce que cherche la société d’État, selon lui. « Il y a des régions qui n’en veulent pas de chaînes de blocs. Ici, ce n’est pas le cas. L’acceptabilité sociale est là », assure Yves Montigny , rappelant que les citoyens sont nombreux à l’interpeller à ce sujet. La décision de la Régie de l’énergie pourrait être rendue vers la fin de l’hiver ou le début du printemps 2019.

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