Pessamit : pas d’amertume pour Raphaël Picard malgré la poursuite à son endroit

Par Steeve Paradis 2:55 PM - 9 février 2021
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Raphaël Picard a trouvé abusive la poursuite du Conseil des Innus de Pessamit à son endroit, mais il assure que cet épisode qui a duré plus de quatre ans se trouve maintenant derrière lui.

Pour Raphaël Picard, la poursuite à son endroit de la part du Conseil des Innus de Pessamit a bien sûr représenté un épisode difficile à traverser. L’ex-chef de la communauté y a vu là une forme d’acharnement, mais il souhaite maintenant regarder devant.

Depuis 2016 que M. Picard, chef de 2002 à 2012, faisait l’objet de poursuites du Conseil des Innus. La poursuite était tout d’abord de 48 M$, conjointement avec le gouvernement fédéral et la firme comptable chargée de co-gérer les affaires de la communauté de 2008 à 2012, ensuite de 36 000 $ à finalement rien du tout, car le conseil a laissé tomber la cause fin janvier.

« Cette requête n’était assurément pas une priorité. Tout l’argent dépensé là-dedans aurait pu être investi à des fins plus productives. On ne devrait pas se poursuivre entre Innus », a soutenu l’ex-chef, qui a accepté de se confier au Manic.

M. Picard rappelle que les critiques à son endroit ont débuté autour de 2010 « et durant l’élection de 2012 (qu’il a perdue aux mains de René Simon) et après, on m’a reproché bien des choses. En 2014, il y avait eu d’autres attaques et en 2016, c’était le dépôt de cette requête », fait-il valoir.

Raphaël Picard convient que la communauté s’est endettée durant son règne de 10 ans, mais assure qu’il n’y avait rien de superflu. Les dépenses encourues étaient nécessaires, argue-t-il.

Beaucoup de besoins

« On avait énormément de besoins. Il a fallu notamment construire 200 maisons, rénové une centaine de logements, s’occuper de l’approvisionnement en eau potable. Pour construire les maisons, on s’est endettés sous garantie ministérielle. »

« Dans le monde municipal et des conseils autochtones, la dette se résorbe en la finançant à long terme, c’est une chose courante », a enchaîné l’ex-chef. « D’ailleurs, on n’a jamais été en tutelle parce qu’on avait un plan pour soutenir le redressement, mais il y a eu beaucoup de réactions politiques pour dramatiser la situation. »

M. Picard, qui ne tient pas à être vindicatif, indique qu’à ses yeux, « le ministère (des Affaires autochtones et du Nord Canada) nous sous-finançait. Les deux écoles étaient sous-financées d’un million de dollars par année. Même chose pour les services sociaux », a-t-il clamé en soulignant l’importance pour les Premières Nations de s’affranchir.

« Tant et aussi longtemps que tu dépends du ministère, tu vas tourner en rond. Mais les gens ne l’ont pas compris de cette façon. »

Dans cette démarche juridique, qu’il a jugée abusive, Raphaël Picard dit avoir été affecté dans sa dignité. « Ma vie professionnelle a aussi été perturbée, et ma réputation entachée à l’extérieur de la communauté. Ma famille a également été perturbée mais maintenant, c’est quelque chose qu’on va mettre derrière. »

Toujours actif

À 71 ans, Raphaël Picard est loin d’être oisif, bien au contraire. Il complète actuellement, en anglais, un doctorat sur l’industrie minière et pétrolière dans un contexte d’acceptabilité sociale, au Paris School of Business. Il soutiendra sa thèse prochainement, en mars.

L’ex-homme politique continue également à écrire sa trilogie sur l’esprit des ancêtres innus. Après un premier tome lancé en octobre 2019, il a complété l’écriture du second roman. « Avec la COVID, ça va être difficile de le faire paraître avant septembre », fait valoir celui qui tient à publier en autoédition.

M. Picard a aussi traduit en anglais le premier tome de sa trilogie. « Ça devrait être publié en juin. J’ai trouvé un distributeur pour les États-Unis et les pays anglophones », lance-t-il en ajoutant en conclusion que le troisième tome devrait être écrit avant la fin de la présente année.

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