La tournée d’Urbania s’arrête chez Homme aide Manicouagan

Par Colombe Jourdain 7:00 AM - 27 septembre 2022
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La criminologue Gabrielle Bouchard travaille à Homme aide Manicouagan depuis un an.

L’organisme qui vient en aide aux hommes en détresse, Homme aide Manicouagan, a reçu la semaine dernière la visite d’Urbania, en marge de la campagne électorale.

Urbania est un média indépendant de Montréal qui se définit comme « un média de société pour les gens curieux qui a comme mission de rendre l’ordinaire extraordinaire, que ce soit à travers sa plate-forme web, son magazine imprimé, ses balados, ses séries télés ou ses événements ».

 « Urbania a manifesté son intérêt à parler des régions, à venir discuter de nos problématiques, surtout avec celle des féminicides au Québec. Urbania voulait parler de violence conjugale et le sujet les a touchés, en voyant ce qu’on fait ici pour aider les hommes en détresse », souligne la criminologue de l’organisme, Gabrielle Bouchard.

Selon cette dernière, les demandes faites à Homme aide Manicouagan ont triplé durant la pandémie. « Tout a augmenté durant la pandémie, la consommation, la solitude, l’isolement », indique-t-elle.

La Côte-Nord est d’ailleurs la région avec le plus haut taux de criminalité associée à la violence conjugale, selon Mme Bouchard.

L’organisme a 32 lits en tout pour héberger les pères qui en ont besoin et leurs enfants. Toutefois, Homme aide n’a aucun intervenant sur place la nuit. De plus, l’organisme doit régulièrement refuser des demandes, faute de place.

« On aimerait être 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour recevoir des hommes en crise, la nuit. Le fait qu’on ne soit pas capable d’obtenir du financement par le gouvernement n’aide pas. On avait deux étudiantes en éducation spécialisée, mais on a dû les laisser partir faute d’argent », explique la criminologue.

C’est pour cette raison que les critères pour l’acceptation des papas doivent être plus serrés. « Les papas en arrivant ici doivent quand même être fonctionnels, ils ne doivent pas avoir besoin d’un encadrement 24 heures sur 24 », souligne-t-elle.

Les hommes aussi peuvent être victimes de violence conjugale et Mme Bouchard avance justement que c’est un sujet dont on ne parle pas assez. « C’est une réalité, les études indiquent que c’est un homme sur cinq qui est victime de violence conjugale. Et mon arrivée fait en sorte qu’on peut aller développer ce côté là encore plus. Notre mission est d’aider tous types d’hommes en détresse ».

Services offerts

« Peu importe leur problématique, que ce soit perte d’emploi, rupture, burn-out, problèmes conjugaux, on accueille les pères ici. C’est à ça qu’on sert. Et quand ils en ont fini ici, ils peuvent toujours revenir chercher de l’aide au besoin. On a une belle capacité à créer des liens avec notre clientèle », affirme-t-elle.

« On est en train de développer des groupes de soutien. On va avoir un groupe d’intervention pour les hommes qui utilisent des comportements à caractère violent. On travaille aussi beaucoup la relation père-enfant », soutient Mme Bouchard.

Les services d’Homme aide Manicouagan sont volontaires et gratuits. Des services de médiation familiale sont également offerts. D’ailleurs la travailleuse sociale de l’organisme sera bientôt accréditée afin d’offrir ce service.

« Notre but est de travailler en prévention justement en amont, pour ne pas que ces comportements continuent », explique la criminologue. « Je pense vraiment qu’on fait une différence. On est une belle équipe soudée ». D’ailleurs, le coroner estime qu’il y 12 vies sauvées par année dans la région grâce à Homme aide Manicouagan.

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