Impasse dans le recrutement de personnel en CPE
Le recrutement est difficile dans le domaine de la petite enfance. Photo Pixabay
Les consignes bureaucratiques empêchent les CPE de la Côte-Nord de se tourner vers l’international pour obtenir de la main-d’œuvre, en vue de régler la pénurie de places.
À la mi-novembre, on apprenait qu’en raison du manque de main-d’œuvre, le CPE Sous le bon toit de Sept-Îles a dû prendre la décision d’annuler son projet de nouvelle installation. Elle devait voir le jour à l’automne 2023. Les 79 places prévues ont été remises au ministère de la Famille qui les redistribuera.
Les démarches ont été nombreuses afin de trouver les employés nécessaires dans les CPE de la région.
Odette Lavigne, directrice du Regroupement des centres de la petite enfance de la Côte-Nord (RCPECN) a rencontré à deux reprises le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI).
« En conclusion de ces rencontres, on comprend qu’il faudra une table de concertation plus grande à l’image des cohortes d’infirmières, car on se bloque sur les barrières. Il va falloir impliquer différents ministères et travailler ensemble pour y arriver », dit-elle.
De nombreux critères sont nécessaires pour recruter à l’international. Il faut être en mesure d’assurer des heures à temps plein, de ne pas recruter par une agence et de respecter les consignes en matière d’emploi à « bas salaire ».
Présentement, les postes à combler sont surtout des remplacements sur appel, ce qui ne convient pas aux exigences pour recruter à l’international, car un nombre minimum d’heures est nécessaire.
« On n’a pas nécessairement de postes temps plein à donner encore, et syndicalement parlant, il y a des principes d’ancienneté à respecter. Donc, on ne peut comme pas recruter du personnel sur une liste de rappel. »
Il peut être difficile de s’expliquer comment on ne peut offrir des emplois temps plein à ces futurs employés quand, dans les faits, une nouvelle installation nécessite l’embauche d’employés temps plein.
« Le financement pour les postes d’un CPE en construction est donné au moment où l’on reçoit le permis. Donc pour avoir le permis il faut avoir la bâtisse, pour avoir la bâtisse il faut la construire. Mais on ne peut pas « attacher » des employés exemple un an plus tôt en disant qu’on va construire parce qu’on n’a pas les subventions pour ces personnes-là », explique-t-elle.
« C’est un peu compliqué quand on veut recruter parce qu’on sait qu’on va ouvrir bientôt mais on n’a rien pour « attacher » les éducatrices au CPE », ajoute-t-elle.
Conditions bas salaires
Mme Lavigne explique que depuis quelques mois, le gouvernement fédéral a passé un règlement voulant que l’employeur paie les billets d’avion des personnes immigrantes en plus de leur assurer un logement pour ceux qui gagneront moins de 25 $ de l’heure.
« Les CPE ont de bas salaires, car les personnes immigrantes seraient sur la grille non qualifiée, qui tourne autour de 18 $/h. Ainsi, on a ces frais qui s’ajoutent aux frais de mission, d’inscription, etc. », précise-t-elle.
Au niveau national, l’Association québécoise des CPE (AQCPE) a maintenant une personne désignée au recrutement international. En décembre, une première mission se déroulera en France, mais les espoirs sont minces.
« Nous savons que nous n’avons pas nécessairement de poste à temps plein à offrir, et on tourne en rond », dit Mme Lavigne.
Statut de région éloignée
La directrice du Regroupement des centres de la petite enfance de la Côte-Nord pousse pour l’obtention du statut de région éloignée, ce qui pourrait aider à recruter de la main-d’œuvre.
« Ce n’est pas quelque chose qui existe, mais c’est quelque chose qu’on propose », dit Mme Lavigne.
« Un genre de principe qui permettrait au ministère de la Famille de justifier des investissements et des enveloppes budgétaires plus grandes pour réduire les disparités régionales qu’on vit dans nos régions éloignées. »
Elle compare ce statut avec la prime d’éloignement de 8 % offerte aux employés du réseau scolaire.
« Le ministère pourrait ajuster l’enveloppe des salaires de 8 % pour nous permettre d’accorder une prime à notre personnel », indique Mme Lavigne.
La directrice ajoute que les Centres de la petite enfance de la Côte-Nord reçoivent le même financement qu’à Montréal, même si le coût des denrées alimentaires est plus élevé.
« Nous poussons la reconnaissance d’un statut particulier à nos CPE en région éloignée pour accorder plus de financement », conclut-elle.
La directrice rapporte aussi qu’il est difficile de garder des éducatrices étant donné les particularités de la région. Par exemple, une éducatrice qui effectue du remplacement dans le secteur de Forestville, Tadoussac devra se déplacer et faire de la route entre ses différents remplacements dans les installations ce qui démotive les candidates potentielles.
Elle suggère une autre solution comme la création d’un poste de 32h. L’éducatrice serait appelée à faire des remplacements jours après jours et s’il n’y a pas de remplacement elle irait aider dans un CPE. Ce poste assure une stabilité d’emploi plus incitant tout et assure les installations d’avoir une éducatrice pour combler les besoins.
Ce poste s’inscrirait dans les particularités des besoins liés à la réalité des régions éloignées.
En résumé
Pour faire venir des gens de l’international, il faut des postes temps plein
Pour avoir le financement pour payer les éducatrices, il faut avoir ces dites éducatrices
Un CPE ne peut être ouvert petit à petit car ils sont financés par taux d’occupation
Si les éducatrices sont recrutées à l’international, elles sont à bas salaire, donc le CPE doit payer le billet d’avion
et leur assurer un logement
La pénurie de logements et le coût très élevé de ceux-ci ne facilitent pas la situation
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